Le Métavers : une histoire en chantier

——————–5 janv 2023 ————————

En projetant l’idée d’un internet immersif en novembre 21, Marc Zuckerberg ne fait pas la promotion d’une technologie numérique, il exhume un concept issus de la littérature dystopique cyberpunk des années 80 (1984 pour Neuromancien de William Gibson et 1992 pour Snowcrash de Neal Stephenson) : le métavers.

Pourtant ces romans ne racontent pas un Facebook immersif, espace de divertissements, de rencontres et de shopping. Ils racontent  une autre histoire. En 92′ Snowcrash est un virus informatique qui sévit dans le monde virtuel global (Métavers) et  passe dans le monde réel via des mécanismes langagiers consolidés depuis l’apparition de l’écriture Araméenne, via des incantations ancrées et consolidées depuis des milliers d’années.

Le langage porte ici les mécanismes de conditionnement des populations civiles. Stephenson en 92 ne connaissait pas le web sémantique web 3.0, ni le big data mais que ce soit le patron de FB devenu Méta qui s’y réfère, détonne.

10 ans plus tôt , W. Gibson raconte un cyber espace  qui  enchâsse des univers: économiques, politiques, culturels,  à  la fois réels et virtuels et la façon dont le héros, d’abord interdit d’accès va réussir à y naviguer, s’introduire sur les places les mieux protégées, par des portes dérobées alternativement réelles et virtuelles, pour pirater des accès entre tous ces univers pour découvrir qu’en définitive le métavers, et de fait, le monde réel sont régis, manipulés et structurés par un couple antagoniste d’intelligences artificielles. Mystique qui sera reproposée comme fondatrice à la fin du 3ème opus dans la trilogie Matrix des frères Wachowski.

Dans ces deux romans les protagonistes rencontrent des personnages aux personnalités dissociées, différentes selon qu’elles agissent dans le mondes virtuel ou réel , certaines seront d’ailleurs physiquement mortes. Ce thème d’un métavers qui autorise l’expression d’une personnalité émancipée ou dissidente sera le credo de métavers de LindenLab :  Second Life  au début des années 2000, car n’en doutons pas, cette spécificité des mondes virtuels ouvre des perspectives collaboratives inédites.

Le métavers n’est pas une proposition, c’est une évolution attendue d’internet.

Déjà pressentie lors de l’avènement des interfaces graphiques dès 1983. Mais il porte via ce vocable, haut et clair l’idée d’infrastructures architecturales et langagières, donc sémantiques, dont on sait aujourd’hui le pouvoir d’émancipation ou de manipulation. Déjà influencé en regardant internet, quelles libertés m’autorisera un internet dans lequel je serais immergé ?

En projetant une référence culturelle dystopique, aliénante et inexorable, l’industrie d’internet envoie un avertissement. Le web 4.0 reste à inventer et à construire …. mais cela devra se faire de l’intérieur.

Nous investir dans une réflexion sur un Métavers « humainement responsable »  pourra commencer par un think-tank regroupant des experts, des chercheurs, des utilisateurs artistes, formateurs ou industriels et s’organier sur un espace Métavers qu’il faudra nous approprier et structurer en vue de l’espace qui structurera nos relations.

Des volontaires ?______________________________________________________